Ne dormir que d'un oeil

Dans les rues, nous croisons des gens, des hommes, des femmes, des enfants, des personnes âgées, des chats, des chiens sans faire plus attention que cela aux regards, aux démarches. Parfois, nous faisons un signe de tête, une parole s'echappe, un geste s'esquisse mais rien de plus, rien de moins.

Ce n'est que lorsque l'on se sent menace que l'on fait plus attention a ceux qui nous entoure car au milieu de toutes ces personnes a l'apparence des plus normales se cachent des prédateurs. Ils ne sont pas si différents des autres vestimentairement, n'ont pas des têtes monstrueuses, n'ont rien absolument rien qui peut les différencier des autres.

Pourtant, ils sont parmi nous. La semaine dernière, toute la cote était sous vigilance, l'un d'eux s'était démasqué. Il avait fait les sorties d'ecole, attendu la fin des activites extra-scolaires pour aborder des enfants en leur disant qu'il connaissait leur parents et qu'il désirait les raccompagner auprès d'eux. En bon prédateur, il avait fait plusieurs villes et la police était a sa recherche, ils avaient son signalement et envoyaient des notifications a toutes les autres police qui eux même les propageaient aux habitants.

Grâce aux réseaux, aux informations, aux bouche a oreille, nous savions tous que nous devions nous méfier, chaqu'un gardant un oeil sur sa progéniture et sur celle des autres. Nous accompagnions nos enfants aux activités alors que d'ordinaire, ils y vont seuls et reviennent seuls. Tous les jours nous répétions les consignes de sécurité concernant les "étrangers" générant du même coup une angoisse et une anxiété "ne faites confiance a personne ", "ne parlez a personne", "écartez vous des voitures et marchez le long des immeubles", "si cela ne va pas,rentrez dans un magasin"...

Durant toute une semaine, nous étions tous sous pression, peu importe d'ou nous venions, de quelle ville, de quelle origine, il fallait se proteger contre cet homme, une ambiance pesante nous englobait.

Aujourd'hui, il s'avere que c'etait une blague, un petit rigolo a fait circuler cette rumeur et comme le feu d'il y a deux semaines, il s'est répandu sur toutes nos villes et nos villages. Il n'a fallu qu'un seul jour pour que tout s'enflamme. Ce n'etait rien mais cela aurait pu être et c'est cette éventualité atroce qui vous remet le cerveau a l'endroit et cette certitude que nous, parents, nous ne sommes jamais a l'abri de voir un de nos enfants pris dans les filets.

Il n'est jamais trop tot pour en parler, pour eduquer meme si on voudrait tous que nos enfants vivent dans un monde d'amour, de joie et d'insouciance. Cette triste rumeur m'a fait prendre conscience, encore une fois que plus jamais la maman que je suis ne dormira sur ses deux oreilles.