Un absent bien present.

Cela fait plus de 2 semaines que le Rital est parti maintenant.

Pas bien loin, certes mais est-ce vraiment important, il n'est plus avec nous. Parti pour le travail, retenu pour des obligations, gérant des conflits, apaisant les tensions, mais loin tout de même. Nos travails respectifs nous empêchent de nous parler, lorsque lui est libre, je ne le suis pas et inversement pourtant il est toujours avec moi. Je me surprends a lui parler, lui expliquer ce que je fais, s'exprimer dans le vide, a un miroir, raconter ma journée, mes problèmes pourtant cela m'aide a vivre sans lui, a supporter l'absence.

J'y suis habituée mais je ne m'y fais pas. Depuis longtemps déjà, j'ai mis en place une routine quotidienne a laquelle je ne déroge pas, elle me rassure, me sécurise bien que je me rende compte oh combien elle est contraignante. Le temps passe plus vite, les vides a la maison se font moins sentir. Les gnomes qui jusqu'a present semblaient ne rien voir, réagissent aujourd'hui différemment. 

Le Caid est plus autonome, pose moins de problème et m'interroge sur "et si papa n'etait pas la, comment ferait -on? Si il avait un accident?::" Je n'aime pas ces questions pourtant y repondre contribue a le rassurer. Il sait depuis petit combien la vie est fragile, que nous ne sommes que lumières éphémères dans ce monde et que préparer la mort c'est aussi faciliter la vie de ceux qui reste. Il en a conscience et cette état m'effraie.

C'est pourquoi, depuis que leur père est parti, je ne dors plus seule. Moi qui suis opposée farouchement au Co-dodo afin d'apprendre aux gnomes a gérer leur peurs, leurs rêves mais aussi leur cauchemars, ce sont eux qui viennent dans la nuit me rassurer. Je sens la main de la Chouine serrer la mienne, j'entends les ronflements du Caid bercer mes songes. Ils viennent me rassurer, me dire qu'eux ils sont la. Si je leur dis de retourner dans leur lit, ils m'inventent des maladies, des toux, des vomissements alors je les garde, je les veille.

Mais ce soir, le Rital revient et va retrouver sa place dans notre lit, son oreiller l'attend bien étrenner par les rêves de nos enfants. Ce soir, chacun reprendra sa place, son statut jusqu'a la prochaine absence qui cette fois, je l'espere sera moins longue.