Pourquoi tu restes?

Il n'y a pas une semaine ou l'on ne me demande pas: "Pourquoi ne rentres-tu pas en France?". Cette question, on ne me la pose pas méchamment parce que je dérange mais simplement pour savoir ce qui me pousse a rester dans un pays en crise, ou les salaires sont bas, ou le travail manque, ou les aides sociales sont inexistantes alors que pour beaucoup la France reste un pays qui va bien, ou l'on peut profiter de nombreuses aides.

Entre ce que les gens voient d'un pays et ce qu'il est reelement, il y a une abime mais la n'est pas le sujet.

Non, je ne rentrerai pas en France. La première année, j'y ai pense mais on ne peut vivre bien dans un pays que si on s'y investi en apprenant la langue, en travaillant, en partageant le fêtes et les coutumes, en rencontrant du monde. C'est ce que j'ai fait et il me serait impossible de revenir en arrière.

Mes enfants sont plus espagnols que français, ils sont habitues a vivre dans ce pays, y ont leur attaches, leur amis, leur repères, leur équipe de foot. La France ne représente rien pour eux. Nous y sommes allés, quelquefois, pas souvent pour quelques jours de vacances mais le rythme de vie est bien diffèrent, les codes ne sont pas les mêmes et moi, qui suis née a Paris, je me sens étrangère a la capitale qui m'a vu naître. J'essaie de soupoudrer quelques coutumes, goûts gastronomiques, éléments historiques mais que reste-t-il vraiment de tout cela, la-bas.

Bien sur, il y a les aides, mais est-ce suffisant pour retourner dans sa patrie. Une de mes amies allemandes l'a fait. Elle est retournée vivre en Allemagne l'année dernière, a une maison a loyer faible, des aides, une scolarité gratuite pour ses filles. Elle semble contente mais je sens toujours une nostalgie lorqu'elle me questionne sur la vie ici.

Non, je ne rentrerai pas en France mais j'irai peut être ailleurs, plus loin vers le sud, un jour. J'aime l'idee de pouvoir bouger, d'etre d'une certaine façon libre de mes déplacements. Une fois que l'on est parti, que les attaches sont rompues, il est plus facile de tout quitter pour un ailleurs. J'aime regarder les "échappées belles", me dire que ce pays est susceptible de me convenir, qu'un autre devra attendre que les gnomes grandissent, ou bien que cet autre n'est définitivement pas pour moi. Je me plais a rêver de mes futures expatriations. J'aime ce que je vis ici, l'Espagne convient parfaitement pour elever des enfants, le niveau scolaire est très bon, les sports sont nombreux, la vie est agréable malgré les difficultés pécuniaires mais l'avantage suprême sont les langues. 

Dans mon coin, on passe du castellan au valencien, de l'anglais au français, de l'allemand au roumain. Tout le monde se côtoie sans rivalité ni agressivité. Nous partageons les fêtes des uns et des autres sans vouloir imposer la notre, c'est un grande richesse culturelle.

Ici, je me sens bien et tant que nous le vivons ainsi, nous resterons. 

Comments

[Nanie]

Eh bien, amen ! :)

[Soma]

En effet, pourquoi rentrer si vous êtes biens, si vous êtes heureux là où vous êtes !