Tendre Morphee et ses acolytes.

Je le quitte au petit matin alors qu'il fait encore nuit dehors. Il est chaud et doux, a épousé ma forme et se laisse modeler facilement. 

Je le retrouve le soir, lorsqu'il fait nuit depuis déjà longtemps. Il est froid et humide, met du temps a se laisser dompter, se plie avec difficulté a mes envies. Tout est a re faire.

Parfois, dans la journée, je rêve de le retrouver, de me laisser aller dans ses coussins, ses velours, que mon esprit s'envole vers d'autres horizons, ceux que je ne peux atteindre que les yeux fermes. Allumer mes bougies, voir les fumées d'encens se perdre dans les hauteurs de mon plafond, sentir le doux parfum de mes draps. J'aime mon lit et en ces temps pluvieux en tous sens, il vaut mieux être dedans que dehors.

Mais l'inertie du sommeil, des songes est trompeur car il faut bien, a un moment affronter le sol gelé, la douche froide, les miaulements des chats, les aboiements des chiens, les sauts des poissons furieux d'attendre encore et encore. Un jour, peut être, je n'aurai plus la force d'affronter ces devoirs du quotidien, je resterai un peu plus, un peu plus longtemps au creux de mes oreillers. Je ne me lèverai pas. J'attendrai que le temps passe, au fond de mon lit.

Je voudrais garder les ailes que mes rêves me donnent, j'aimerais conserver l'energie que le repos me concède et ensoleiller mes journées, illuminer ma route, garder un peu de ce que je peux être dans mes songes, ne plus voir comme une obligation chaque lever de soleil.

Il faut bouger, il faut sortir et chaque matin est appel, une alerte vers la vie, la vraie, celle du dehors, celles des vivants. Mais juste encore quelques minutes, quelques secondes, laisser moi dans mon lit..encore un peu.