Dans mon coin de cour.

Se voir sous un autre angle grâce aux yeux de quelqu'un d'autre, écouter son histoire avec du recul et n'avoir ni larme ni regret, vivre chaque instant pleinement, profiter de ce que la vie m'amene sans anticiper.

Avant j'etais trop pressée, je voulais tout tout de suite, je n'attendais pas et vivais le présent en me projetant au futur. J'attendais de voir un sentiment dans le regard des autres: de la reconnaissance, de l'admiration..je ne sais plus vraiment tant cela n'a plus d'importance aujourd'hui.

J'ai voulu plaire, j'ai courtise, je me suis falsifiée, empaquetée, minimisée pour que mes relations soient douces et agréables, je n'en ai récolté que des jalousies, des histoires et au final, un tas de cendres. Depuis bien longtemps maintenant, je n'adresse plus la parole aux autres mamans, parée de mes lunettes de soleil et de mon foulard (même en été!), je traverse la cour le front haut et le regard lointain. On ne m'aborde `plus même si je sens les oeillades en coin détaillant mes vêtements et mes accessoires. Je ne suis plus au courant de rien et c'est mieux ainsi, cela ne m'interessait pas.

Au fur et a mesure des années, mes amitiés fondent mais celles qui persistent sont les véritables, celles avec lesquelles je partage autre chose que les devoirs d'ecole et les sorties scolaires, celles qui m'enrichissent et qui sont sur le mode du partage. Parfois meme nous ne partageons qu'une seule chose en commun mais c'est suffisant pour servir de base. Plus les enfants grandissent plus ils m'eloignent des relations scolaires, a la difference des premières années ou je ne fréquentais que des mamans de l'ecole.

Il ne reste aucune survivante de ces années, je me suis détachée d'elles. Je regarde avec distance les groupes se faire et se défaire, les animosités prendre forme, les amitiés aussi. Seule, comme une pestiférée dans mon coin de cour, j'observe avec distance celles avec qui si souvent j'ai partage des cafés ou des aperos. Il est loin le temps des sourires forces et des discussions futiles.

Les enfants ont leur amis, leur discussions; moi, j'ai les miennes. Je gagne de l'independance en meme temps qu'ils grandissent. Plus leur caractères se forgent, plus je m'extirpe de mes chaînes, plus ils gagnent en autonomie, plus je gagne en liberté.

En fait, j'aime voir mes enfants grandir!