Un homme seul

Quand je l'ai croisé, ce matin au coin de la rue, je ne l'ai pas reconnu. Le soleil qui m'éblouissait, mes courses trop lourdes a porter ou peut être a cause de ses joues creusées ou de son regard vide. Je ne sais pas.

Je l'ai salué comme d'habitude, lui ai demandé comment allait son petit chien, celui qu'il trainait comme son ombre derrière lui. Son teint livide, les traits tirés mais ce qui m'a marqué le plus etait l'absence de cette petite flamme dans le regard qui illuminait tous ces traits. Elle avait disparue.

J'avais l'impression qu'il se sentait perdu dans les rues de cette ville dans laquelle il etait né et qu'il avait arpenté suffisamment de fois pour les faire les yeux fermes. Je lui ai demandé si je pouvais l'aider, si il avait besoin de quelque chose. Il a alors levé les yeux vers moi comme si il venait enfin de comprendre que quelqu'un lui parlait, des yeux rougis, humides. Il m'a pris les mains et les a garde dans les siennes, elles étaient froides. Et c'est a ce moment qu'il m'a annoné le décès de son épouse. Elle était malade, en fin de vie mais tant que le coeur bat, il y a toujours un espoir.

Mais il s'était envolé, l'espoir, l'esprit mercredi le laissant seul, avec un corps inerte qu'il avait tant aimé. Bien sur, il y avait les enfants, les petits enfants, les amis de toujours, de maintenant. Apprendre a vivre, continuer sa route dans les mêmes lieux, les mêmes espaces, les mêmes rues, et ces murs chargés de rire, de disputes, ces places chargées de souvenirs, d'aperitfs et de paiellas familiales, comment fait-on?

Alors il erre mon petit Monsieur, il prend l'air dans cette ville aussi étouffante que l'etreinte de sa maison. A chaque pas mis l'un devant l'autre il se prouve qu'il vit, qu'il est encore la.