Amertume et empathie.

Après un déjeuner familial, alors que je préparais le café, le Rital me lance négligemment:

-"Au fait, tu ne sais pas qui m'a appelé a l'aeroport?"

-"Comment pourrais le savoir, je ne suis pas encore médium." lui rétorquais-je.

-"Ton pere."

-"....et que voulait-il?". Je sentais déjà mon coeur s'accelerer au risque d'exploser dans ma poitrine.

-"Il m'a envoye un mail aussi et y a ajouter des photos.Assieds toi."

Sur ce, il sort son ordi, ouvre sa boite mail et clique sur le message, la photo de ma mère apparaît. Elle a perdu plus de 15Kg, a perdu bon nombre de ses cheveux, semble fatiguée et montre tous les aspects d'une maladie que je connais trop bien pour la côtoyer au quotidien. Elle a un cancer et a subi ou subi encore une chimiothérapie.

La deuxième photo, c'est ma chatte, celle que je leur ais donne il y a bien longtemps. Le sous titre m'indique qu'elle est décédée en septembre. 

La troisième, c'est ma soeur avec ses deux enfants. Je connais l'aine pour l'avoir déjà vu mais je ne savais pas qu'elle en attendait un deuxième, c'est une fille née en octobre, elle porte un joli prénom.

La quatrième, c'est encore ma mère tenant la dernière née. Elle regarde l'objectif et son regard me mets mal a l'aise, me dérange. Il me signifie mon abandon lamentable, ma non participation a sa détresse.

La cinquième représente ma mère et ma grand mère dans leur maison du sud devant une table, préparant une pâte a tarte, dans le fond on peut voir une piscine. Il n'y en avait pas avant et je ne comprends pas ce que ma grand mère de 95ans fait dans le sud alors qu'elle est de l'est.

Il y a un message aussi, un mot de mon père que je prends pour un appel a l'aide. Face a la maladie, je baisse les armes, les rancunes passées n'ont plus lieu d'etre. Je demande au Rital de prendre lui aussi des photos de nous, des enfants et de leur envoyer sur le champs.

Nous faisons des photos, le Rital les insère  mais il faut un message. Je ne sais pas quoi mettre, je n'ai pas de mot. J'ecris une phrase, je l'enleve, en recris une autre mais rien ne me satisfait, mes mots sont vides...comme moi. 

Le Rital me relate leur conversation, ils doivent dîner ensemble la semaine prochaine quand le Rital sera sur Paris. Moi, non. Je le laisse prendre en main les évènements, trop d'images tournent dans ma tête, trop de questions aussi.

Tant de choses se sont passées depuis ce Noël d'il y a deux ans, je suis étrangère a leur vie, je ne suis rien.