Parfois, on n'a pas les parents qu'on merite.

Et je suis bien placée pour le savoir mais lorsque je le vois sur d'autres je me demande toujours comment ces enfants ont fait pour sortir du modèle pourri des parents.

Ce matin, dans un des couloirs du centre je croise Maria. Nous partagions les cafés du matin ensemble ainsi que des séances de gym 3 fois par semaine pendant plus de 2 ans. Une petite brune aux cheveux boucles, dynamique et énergique, toujours contente et de bonne humeur malgré ses problèmes conjugaux, simple et courtoise. Une bonne copine. La discussion s'engage et elle m'explique que sa mère est placée ici depuis 1 ans, qu'avant elle l'avait chez elle mais ce n'etait plus possible vu le niveau du handicap de celle-ci.

-"Devine qui c'est?"me lance-t-elle

-"Untelle"lui dis-je hésitante mais voyant ses négations de tête je lui suggérais d'autres noms qui au fur et a mesure devenaient de plus en plus improbables.

-"Non, Non, c'est Josepha." me dit elle en souriant. Voyant mon visage se défaire et mes yeux s'agrandir elle me demanda"Pourquoi, cela te semble si impossible?"

-"Si il y a bien une personne que je pouvais soupçonnée d'etre ta mère, c'est bien elle."

-"Pourquoi pas?"

Oui, vu comme ça, pourquoi pas. Mais Josepha est un monstre d'egoisme, sans cesse entrain de réclamer quelque chose, ne voulant participer a rien mais critiquant sans cesse, méchante et insultante avec les autres résidents (je ne parle pas de son handicap car, il n'a rien avoir la dedans mais n'a certainement rien arrange), donnant des ordres a tout le monde. Je comprend qu'elle n'ait pu la garder chez eux mais conçoit aussi que rien n'est plus facile pour autant.

Elle m'explique que les disputes sont quotidiennes, que sa mère a été une femme très gâtée allant chez le coiffeur et l'estheticienne toutes les semaines, s'occupant exclusivement d'elle délaissant sa famille, son foyer, ses enfants pour son bien être et que maintenant elle ne comprend pas qu'on la refrène sur les soins, lui interdisant d'aller chez le coiffeur et la manucure du centre toutes les semaines.

Je connais les difficultés financières du couple et les efforts fournis pas Maria a joindre les deux bouts, pas la peine de préciser qu'elle se coupe les cheveux elle même, fait ses colorations et ses ongles seule. La pension touchée par sa mère ( au décès de son mari, car elle n'a jamais travaillée) est insuffisante pour payer le centre, la secu complète mais parfois il faut qu'eux aussi mettent la main a la poche, autant dire que le coiffeur toutes les semaines revient cher et n'est pas une nécessité, d'autant que les auxiliaires lui lavent les cheveux tous les deux jours.

Mais Josepha n'en a que faire, exige, pleure, fait du charme ou se met en colère. Maria sort de ses entrevues avec sa mère souvent dévastée mais ne cédant pas a ces caprices. Rien de très rassurant en fin de compte, lorsque l'on naît con, on reste con.

Comments

[jugre]

C'est exactement ca. Maria a grandi dans un univers factice d'apparences, delaissee par sa mere. Alors lorqu'elle s'est mariee et a eu des enfants, elle a fait tout le contraire au risque de s'oublier elle meme. Mais c'est une femme formidable alors que sa mere sera toujours une insatisfaite demoniaque.

[Kimie]

Et heureusement que l'on n'est pas toujours comme nos parents ! Des fois, je me dis que soit les enfants grandissent avec l'image de leurs parents et restent comme eux, soit ils en prennent le contre-pied... C'est probablement ce qui s'est passé avec ta copine...