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Chimeres et Tourbillons
24 janvier 2012

Avant l'italien, je n'y connaissais rien en deux

Ducati_749_S_stpzAvant l'italien, je n'y connaissais rien en deux roues, même pas en scooter, décrétés trop dangereux.Ce monde était bien trop éloigné du mien, personne dans mon entourage n'en avait une.

Quand l'italien est entre dans ma vie, il est venu avec son chien, son chat et ses 4 motos pour seul moyen de transport. J'ai donc été forcé de m'y mettre. J'ai investi dans la tenue qui va bien, du casque Arai au blouson Denese. Devenu accessoire indispensable, je déclinais mes tenues en fonction des saisons, des moments de la journée sans quitter mes talons hauts ni mon maquillage (la coiffure pas le choix, il a fallu a renoncer au brushing).

A force de monter sur ses bolides pas toujours confortables, j'ai voulu passer mon permis. L'Italien n'était pas contre mais pas vraiment pour. Il me disait que ce serait sous contrôle avec une liste d'interdit qui aurait pu rebuter toute personne censée..je ne le suis pas, je ne l'ai jamais été; a moi le permis.

Tant bien que mal je l'ai eu et ma première moto dans la foulée. Un deux roues vert immonde que je soupçonne l'Italien d'avoir choisi exprès, tant elle était laide. Après être tombée en panne d'essence avenue de l'Opera (il n'y a pas beaucoup de station essence dans Paris!), bousillée des paires de chaussures auxquelles je tenais et limitant ma tenue vestimentaire aux jeans, j'ai décrété que je voulais un scooter, un Tmax plus commode, plus souple, plus pratique.

J'ai épargné et je me suis acheté mon Tmax. Le Rital m'en a trouve un je ne sais d'ou (et on ne pose jamais de question a un Rital), un beau scooter noir tout neuf, a moi. Je suis donc allé faire du shopping (n'essayer même pas de comprendre pourquoi) afin d' innaugurer mon nouveau jouet avec des vêtements dignes de lui.Il avait déjà un prénom!

A peine rhabillée de la tête au pied, mon scooter nouvellement assuré depuis 5 minutes, j'enfourchais mon bolide, fière et décidée a démontrer qui est la nouvelle reine du bitume.

J'ai fait 100metres.

L'Italien qui me suivait a distance a vu un embouteillge se former, les pompiers arriver avec leur sirène. Il a laisse sa FJR sur le bas coté, obligé de continuer a pied (assez rare pour être signaler), un mauvais sentiment dans le coeur.

Effectivement, je m'etais encastrée dans une voiture qui était sortie d'une rue a sens unique. Mon beau scooter tout neuf n'avait plus de cadre, plus de guidon, cela faisait une belle sculpture contemporaine! J'etais au sol, riant comme une baleine et disant aux pompiers horrifiés de ne pas couper mon pantalon, qu'il était neuf et qu'il m'avait coûté un bras. J'ai croise le regard de l'italien et j'ai compris que c'était grave, je me suis tue. Mon tibia dépassait, il y avait du sang partout.  Les pompiers m'ont enlevé mon casque avec précaution, et mis dans un tapis a bulles gonflables puis dans l'ambulance. L'Italien me suivait, livide.

A l'hopital je n'ai pas attendu (ça c'était cool), les autres patients détournaient le regard a ma vue pourtant je me sentais bien, au chaud.

Après la batterie d'examen, les radios, le scanner, on m'a recousue, bandée, shoutée et j'ai signé ma pancarte pour rentrer chez moi. L'Italien m'attendait dans la salle d'attente avec des amis que l'on aurait du rejoindre au restaurant ce soir-la.

-"Bon c'est raté pour le resto en revanche on peut se faire une omelette a la maison." dis-je en souriant.

Ils m'ont tous regardée comme si je parlais une autre langue, avec des regards chargés de tristesse. 

-"Je ne suis pas morte, je suis vivante, ce n'était pas mon jour réjouissez vous."  leur criais-je.

Mais c'était trop leur demander. Ils avaient perdu des amis sur la route, de la famille. Ils savaient le chagrin que représente la perte d'un proche dans un accident de la route, le poids de l'absence, la souffrance. Ils ne riaient pas et ne riraient jamais.

22 ans nous séparent le Rital et moi et c'est alors que j'ai pris conscience de tout ce qu'il avait pu vivre et de tout ce que j'aurais a rattraper, de ma connerie et surtout de l'amour qu'il avait pour moi. Car malgré tout il m'avait laisse aller au bout de mes envies, m'y avait même aidé en espérant au plus profond de lui même que j'y renoncerai de moi meme pour justement ne pas vivre une soirée comme celle la.

Je n'ai jamais plus fait de deux roues en tant que conducteur bien qu'il y en a toujours a la maison et que les clefs soient a ma disposition.

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