Ne fermez pas les yeux.
Faire semblant que cela n'existe pas serait de loin pour moi le plus facile, ne pas savoir, ne pas voir, ne pas entendre.
Mais je vis ici, et chaque année il y en a dans chaque ville. Croire que tous les espagnols y adhèrent n'est que pure fiction, de nombreux voir la moitie sont complètement contre mais c'est une tradition que l'on ne touche pas. Y assister pour moi est un réel calvaire mais j'ai été invite par un groupe d'amis a manger une paella sur un bateau sans savoir ce qui allait se passer. Pour mes amis, quoi de plus normal qu'une feria.
Partir, fuir, ne rien regarder...dans les ferias il n'y a pas de mise a mort. C'est juste un jeu...stupide..dans lesquels les hommes ((pourquoi toujours eux?)on ne verra jamais une femme y participer) courent derrière ou attisent le taureau. Il va sans dire que je suis totalement contre et que je lutte avec les associations pour y mettre fin...nous ne sommes pas écoutées, tout juste reçues, mais cela dérange. Ne rien dire, ne rien penser.
Dans ma ville, en août, la rue principale est balisée d'echaffaudages en bois et on lâche le taureau affole, en bas de la rue. Le béton est chaud, doit lui brûler les sabots. Les gens crient, hurlent, boivent. Les hommes courent, se font voir, se jettent sur les barricades pour échapper des cornes de l'animal (ici, on ne bande pas les cornes). Tous les ans il y a des accidents, des hommes éventrés, des hommes morts mais rien arrête la liesse populaire, tous les ans ça recommence.
De ma maison, en haut de la colline, bien a l'abri, j'entends les bruits, les hurlements, la musique a fond, je pleure régulièrement, j'ai la gorge nouée. Eux ils font la fête. Durant une semaine, plusieurs taureaux seront laches.