Retiens-moi.

Chaque année certains s'en vont tandis que d'autres arrivent. Il y eu une certaine constance depuis l'entree du Caid a l'école mais cette année c'est un véritable chamboulement, et pas seulement pour mon école espagnole.

Depuis leur 3 ans la Chouine et le Caid sont avec les mêmes enfants, peu de nouveaux et peu de départs aussi. Ils ont les mêmes amis et changent de maîtresses tous les 2 ou 3 ans pour une meilleure adaptation et donc un meilleur travail.

J'ai moi aussi changé d'école en septembre, puis revenue dans mon ancienne, seulement 5 mois d'absence, juste un trimestre. Mais quelle surprise en ne voyant quasiment pus aucun anglais. Avant, a la sortie de l'école ça parlait plus english qu'espagnol et je crois être la seule francophone depuis toute ces années. Mais la d'un coup, changement de langue, je n'etais pas préparée, ou sont-ils passes tous les anglais, irlandais..? Rentrés chez eux, pas de travail, niveau de vie trop bas, difficulté de couple m'a expliqué une survivante de ce dépouillement anglophone. Soit, ils ne s'etaient jamais vraiment integrés, peu d'entre eux connaissait la langue et ils ne travaillaient pas "officiellement" donc n'avaient pas le droit a la sécurité sociale.

La c'est une de mes amies allemande qui me dit qu'en mai les bagages sont faits, qu'elle a deja une nouvelle location et une nouvelle ecole pour ses filles. Elle fait un goûter d'adieu avant de partir. Pourtant elle s'etait bien intégrée, avait un travail, se démerdait pour que sa famille ne manque de rien du moins c'est ce que je croyais...elle n'en peut plus de lutter avec des heures de travail bonnes a vous lobotomiser, payées un salaire égalant la moitié du smic quand encore il est payé a tant. La bas, elle a droit a des aides pour le loyer, les enfants, les études et que sans rien faire elle a un salaire minimum. Je la comprends, elle a fait ce qu'elle a pu toutes ces années, a essayé de survivre sous le soleil méditerraneen mais la crise nous a entéré, si c'est plus facile dans son pays elle a bien raison d'y retourner.
Elle, c'etait la dure des durs, la femme célibataire qui a fait ses deux filles toute seule, qui a eu le courage de venir ici suivre son amoureux de l'époque sans connaitre ni la langue ni les coutumes, qui a quitté un bon job et un quotidien confortable du jour au lendemain. Si elle part c'est que c'est grave, le bateau coule.

Pourtant je ne partirai pas, du moins pas maintenant. Tant que j'ai la force de me lever le matin avec de l'espoir, je continuerai.

Les enfants sont heureux ici, ils apprenent plusieurs langues, le niveau scolaire est bon.

Nous y avons notre maison, notre jardin et surtout nos bestiaux tant de petites choses matérielles et humaines qui font que pour le moment je reste la. C'est un pays qui m'a acceulli, un lieu ou je travaille et bien que je n'y ait pas que des bons souvenirs j'aime a croire que le futur sera meilleur, que l'on ne peut pas prendre que le bon et s'en aller quand le vent tourne. Ce serait trop facile. Moi-aussi je me sers la ceinture, je vends ma voiture, je ne pars pas en vacances mais ici sont les racines de Ma famille et je ne me detache pas comme ca.