Des Moulins a vent.

Il y a de lieux qui marquent une vie, des sons qui restent a jamais dans la mémoire, des images qui vous suivent et ou que vous soyez, il y aura toujours un endroit dans le monde qui lui ressemble. 

J'y ai fait mes premiers pas, ses allées ont vécu mes premières chutes en bicyclette, j'y ai abîmé mes premières robes a smocks et réalisé des superbes photos de communion.

J'ai rencontre un super Papy assis sur son banc prêt de la piste de roller, il faisait des moulins a vent en papier a tous les enfants du quartier. Il était si gentil ce monsieur a casquette, sa fille venait le chercher a la tombée du soir. Puis un jour, il n'est plus venu, nous avons attendu, attendu et un après-midi, sa fille s'est assise sur son banc a sa place pour expliquer a tous les enfants que son papa ne reviendrait plus mais qu'il nous avait aime et qu'on lui avait apporte beaucoup de joie.

J'y ai pique-niquer des tartes aux citrons meringuées de chez Ruc (je ne sais même pas si cette enseigne existe encore) en refaisant le monde avec des copines, j'y ai parle d'accouchement, d'angoisse sur nos futurs métiers.

J'y ai été envoyé de force, renvoyée par ma professeur de français en quatrième. Je crois qu'elle avait peur de moi donc a peine avais-je pose un pied en classe qu'elle me disait :"Pourquoi Mademoiselle X n'iriez vous pas donner a manger aux canards". Je reprenais mes affaires et avec une copine de misere, j' allais engraisser les canards avec des éclairs aux chocolat pendant qu'elle fumait. Ce ne sont pas les vices qui me font défaut mais celui la, étonnement je ne l'ai jamais eu.

Puis j'ai été poliment viré de mon collège, et un autre parc a abrité mes ébats amoureux. Mais celui la n'était jamais bien loin. Je le traversais régulièrement découvrant avec ravissement ses couleurs printanières, ses massifs colorés.

En médecine, j'y faisais mon jogging, ou plutôt une marche dynamique pour évacuer le stress et m'aérer les neurones.J'y retrouvais ma meilleure amie, elle en pharma et nous échangions sur nos vies monastiques. Juste quelques minutes qui nous permettais d'avoir un semblant de vie.

Les années qui suivirent furent assez mouvementées. Je l'ai arpenté la nuit, y ai célébré des fêtes mémorables dans un hôtel particulier qui avait une porte au fond du jardin donnant directement dessus. Je l'ai vu comme peu de personne peuvent le voir, et ai dignement honorer ses bosquets!

Ce parc c'est le mien et c'est pour cette raison que je n'ai jamais voulu y promener mes enfants. Chaque allée, chaque étendue d'herbe me renvoie a mon passé, a mes souvenirs.

Cela fait des années que je n'y suis plus retournée, mais si un jour mes pas m'emmenent vers lui mes souvenirs ne se surperposeront pas a ceux de ma progéniture. Il a vu tant de vie passer et en verra tant d'autres, tant d'enfant joueront encore dans son bac a sable, fréquenteront son manège, tomberont sur le béton. Mais lui ne change pas, immortel, intouchable. Puisse le temps le conserver ainsi le plus longtemps possible et peut être qu'un jour, quand le temps ne sera plus aussi important je m'assierai sur un banc prêt de la piste aux rollers pour faire des moulins en papiers sur des branches.